Sashina Vignes (ASPTT Strasbourg) n’a pas déçu pour ses premiers championnats de France. Titrée en simple, bronzée en double avec sa sœur Teshana, la N.1 française a justifié tous les espoirs nés d’une naturalisation si longtemps attendue. « Enfin ! ». C’est le premier mot qui lui est venu au moment de commenter son premier titre national individuel (hors championnats de France universitaire). Ce rêve, elle l’avait dessiné en arrivant à Strasbourg à quatorze ans avec sa sœur cadette Teshana, barrées toutes deux au plus haut niveau en Malaisie par leurs origines indiennes.
C’était il y a dix ans et il a fallu des combats, administratifs plus souvent, un soutien sans faille de l’ASPTT Strasbourg, des collectivités locales puis des instances nationales pour que Sashina et Teshana Vignes obtiennent la nationalité française début septembre dernier.
« C’est un grand titre pour moi, pour le club, pour les gens qui nous ont soutenues »
Alors oui, son premier mot a été « enfin ! ». Enfin, Sashina Vignes peut dire, à titre personnel, qu’elle est championne de France de badminton. 42e mondiale, leader sur la scène hexagonale depuis le retrait de Hongyan Pi (l’autre icône du badminton français et ancienne N.3 mondiale), la Strasbourgeoise se devait de décrocher le titre. Sportivement bien sûr, mais aussi pour couper court à tous relents sur sa légitimité.
« C’est un grand titre pour moi, parce que c’est le premier, parce qu’il symbolise ce qu’on a traversé avec Teshana pour pouvoir disputer des championnats de France, souffle la néo-championne de France. C’est un grand titre pour le club, pour tous les gens qui nous ont soutenues. »
Ce titre, elle l’a obtenu sans lâcher un seul set à ses adversaires. La patronne, c’est elle. Encore fallait-il ne pas se laisser submerger pour prouver l’évidence.
« Je savais que j’étais attendue, que je n’avais pas le droit de décevoir, alors forcément il y avait de la pression. C’est toujours plus facile de dire qu’on va gagner que de le faire, sourit Sashina Vignes. Mais j’ai plus ressenti une bonne pression durant ces championnats, cela m’a aidé à me transcender. »
Hier en finale, elle n’a pas laissé Delphine Lansac, tenante du titre et tête de série N.2, briser son rêve. Elle s’impose 21/12, 21/14 et se pare, enfin, de cette médaille d’or qui lui était promise.
Le fabuleux destin de Sashina Vignes est en marche. En simple, elle peut régner sur le badminton français comme le fait Brice Leverdez couronné hier pour la 7e fois. En double, qu’elle disputait avec Teshana, la réalité du plateau l’a (légèrement) contraint à revoir ses ambitions à la baisse. Les sœurs Vignes s’inclinent, en effet, en demi-finale – battues par la paire Anne Tran/Laura Choinet (15/21, 18/21) – mais rajoutent, aux deux breloques de Gaëtan Mittelheisser, deux médailles de bronze dans l’escarcelle de la délégation alsacienne à Cholet.
« Cela faisait longtemps que nous n’avions pas joué en double avec Teshana »
« C’était important pour Tesh’ et moi de jouer le double pour nos premiers championnats de France, mais c’était compliqué parce que ça faisait longtemps que nous n’avions plus joué ensemble. Alors la médaille de bronze, c’est déjà bien », retient l’aînée de sœurs Vignes.
Forces motrices du badminton alsacien, les Strasbourgeoises vont maintenant pouvoir l’être en équipe de France. Elles l’ont déjà intégrée sur des tournois, elles vont faire leurs grands débuts en championnat du 11 au 16 février à Bâle lors des “Europe” par équipes (Lorraine Baumann, leur coéquipière de l’ASPTT Strasbourg, y sera associée à Teshana).
« Ça va être ma première compétition officielle avec l’équipe de France et c’est bien que ça se soit déjà bien passé aux “France”. On peut penser plus sereinement à la suite », conclue Sashina Vignes.
Elle vient de connaître son jour de gloire en France. Elle peut désormais rêver en bleu-blanc-rouge.
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